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Pour gagner, il faut participer

Lorsque les marchés baissent, la peur peut pousser les investisseurs à se retirer. Ce faisant, ils courent le risque de passer à côté de reprises soudaines et puissantes qui peuvent représenter une part importante des rendements de leur vie. Comme le dit le proverbe, "il faut être dans le coup pour le gagner".

By Matt Dunn
Matt est conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille. Il travaille chez CWB Partenaires en gestion de patrimoine depuis 2016.

« L’usine du futur aura seulement deux employés, un homme et un chien. L’homme sera là pour nourrir le chien. Le chien sera là pour empêcher l’homme de toucher l’appareil. » – Warren Bennis1

Investir est une activité humaine et est donc indissociable des émotions, principalement la peur et la cupidité, la première étant la plus puissante. Lorsque les marchés se replient, la peur pousse les investisseurs à liquider leurs placements. Ce faisant, ils risquent de ne pas participer aux fortes remontées soudaines qui représentent une partie importante des rendements accumulés durant une vie. Comme on dit, « pour gagner, il faut participer ». Avoir un plan judicieux et un conseiller de confiance est indispensable dans les moments cruciaux.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’année 2022 a été difficile pour les investisseurs. Le portefeuille « équilibré » américain traditionnel (60 % d’actions de l’indice S&P 500 et 40 % d’obligations du Trésor à 10 ans) a cédé 17 %, son pire rendement en plus de 50 ans (figure 1).

Figure 1 : Portefeuille 60/40, de 1967 à 2022

Source : BCα Research, 2023

Il est très inhabituel que deux grandes catégories d’actif soient en baisse et en dessous de leurs moyennes à long terme en même temps. Jamais, en près de 100 ans, n’avait-on vu les marchés boursiers et obligataires américains reculer de plus de 10 % la même année. En 2022, peu de refuges s’offraient aux investisseurs2.

Des épisodes comme ceux-là peuvent ébranler même les investisseurs les plus aguerris et avertis. À la mi-septembre, les clients étaient nerveux et nos conversations, difficiles. Certains étaient tentés d’abandonner le navire et de chercher refuge dans la sécurité relative des liquidités et des CPG. Autrement dit, ils étaient prêts implicitement à se contenter d’un rendement inférieur à l’inflation pour échapper à la volatilité des marchés. D’autres songeaient à vendre leurs placements dans une catégorie d’actif pour investir le produit dans une autre dont les perspectives à court terme semblaient plus favorables.

La clé du succès des investisseurs est la patience, la rigueur et la confiance dans l’avenir. Nous ne savons peut-être pas exactement quand les marchés se redresseront, mais nous savons qu’ils finiront par remonter à un moment ou à un autre, comme ils l’ont toujours fait.

Les rendements à long terme des catégories d’actif sont plutôt stables3, mais bon nombre d’investisseurs sont étonnés de voir à quel point une grande partie du rendement est généré sur de courtes périodes. Voilà pourquoi il est important de respecter son plan de placement lorsque les choses se corsent sur les marchés. Si vous vous écartez de votre plan et désertez certaines catégories d’actif, vous pourriez passer à côté de montées soudaines des cours, et sans ces solides remontées, vos rendements à long terme ne seront pas aussi élevés qu’ils auraient pu l’être.

C’est ce qui s’est passé récemment avec nos fonds en gestion commune. La figure 2 montre qu’après les trois premiers trimestres de 2022, nos fonds d’actions ont inscrit des pertes de 6,75 % à plus de 23 % et que nos fonds équilibrés et de titres à revenu fixe, moins volatils, ont dégagé des rendements de -8,6 % à -13,2 %. Les principales préoccupations sur les marchés étaient l’inflation élevée et le resserrement considérable de la politique monétaire des banques centrales un peu partout dans le monde. Les clients étaient inquiets, c’est le moins qu’on puisse dire.

Figure 2 : Résultats des stratégies de placement depuis le début de l’année, de septembre à novembre 2022

Source : CWB Gestion de patrimoine/CWB Partenaires en gestion de patrimoine

Ce qui s’est produit ensuite est intéressant. En octobre, l’optimisme est revenu avec l’espoir que la Réserve fédérale américaine réoriente sa politique monétaire. Notre fonds d’actions mondiales a remonté de plus de 5 %, grâce à un bond de 7 % des actions américaines, qui avaient alors regagné la moitié du terrain perdu depuis le début de l’année. Le rendement des actions canadiennes a été presque positif pour 2022.

Si le mois d’octobre a été intéressant, le mois de novembre a été stupéfiant. Les actions nord-américaines ont gagné 5 % environ, mais les actions internationales, mal en point jusque-là, ont entamé une ascension vertigineuse, inscrivant un gain de près de 12 % au cours du mois, qui a annulé plus de la moitié du recul depuis le début de l’année. Ces remontées sont survenues principalement au cours des deux premières semaines de novembre. Les actions canadiennes ont progressé de 3,7 % sur l’année, tandis que les actions américaines sont demeurées essentiellement stables (-0,74 %).

Les clients ayant un plan de placement équilibré (environ 60 % d’actions) ont vu leur rendement passer de plus de -13 % à la fin de septembre à seulement -4,5 % au 30 novembre, tandis que le rendement est passé de -17 % à -3,8 % pour ceux ayant un mandat plus audacieux uniquement axé sur les actions. Même si les rendements étaient toujours négatifs sur l’année, les marchés avaient le vent en poupe au début décembre.

La majorité des investisseurs auraient volontiers accepté des pertes d’environ 5 % pour 2022 si on leur avait posé la question en juin, alors que la menace de récession, la guerre en Europe et des nouvelles plutôt moroses faisaient les manchettes.

Ces chiffres montrent que les investisseurs en actions qui ont respecté un plan bien conçu ont obtenu des rendements de plus de 13 % en octobre et en novembre, ce qui représenterait une année au-dessus de la moyenne pour les actions. Les investisseurs détenant un portefeuille équilibré ont inscrit un gain de presque 9 %.

La leçon à tirer ici est qu’un investisseur qui a perdu confiance et qui s’est écarté de son plan aurait obtenu des rendements futurs nettement moins élevés. Il lui aurait été impossible d’anticiper cette forte remontée et de revenir sur les marchés à temps. Ce genre de stratégie d’anticipation des marchés est presque impossible à réaliser et ne fonctionne jamais à tout coup.

C’est la progression fulgurante (+11,67 %) des actions internationales en novembre qui est la plus remarquable. Ces actions ont été à la traîne des actions américaines pendant la majeure partie de la présente décennie, et de nombreux investisseurs commençaient à s’interroger sur les avantages de la diversification des actions. Or, lorsqu’un tel événement survient, nous nous souvenons de la raison pour laquelle nous conseillons aux clients de diversifier leurs placements. La plupart des gens ont déjà oublié que durant la décennie 2000-2009, le rendement total de l’indice S&P 500 avait été négatif. Par contre, ils se souviennent des rendements annualisés de 15 % environ (13,6 %) de la dernière décennie, mais ils ont oublié ce qui s’était passé avant.

La réussite en placement n’est pas facile. Il faut de la planification, de la rigueur et un engagement. Vous devez également avoir assez confiance en votre plan et en votre conseiller pour vous en tenir au plan établi lorsque la situation se corse. Pour gagner, il faut participer.

Épilogue
Au moment de la rédaction de ce billet (fin décembre 2022), les actions nord-américaines avaient reculé de 6 % à 7 % environ au cours du mois. Fait intéressant, les actions internationales ont poursuivi leur remontée et affichaient un rendement de -8,2 % depuis le début de l’année. Résultat, elles ont presque rattrapé les actions américaines (-7,5 % en cumul annuel). La diversification est efficace, souvent lorsque vous vous y attendez le moins!

Sources :
1 Warren Bennis était un professeur d’université et professeur distingué en administration des affaires à la Marshall School et président fondateur du Leadership Institute à l’Université de Californie du Sud. (Source : Wikipédia)
2 Les rares exceptions étaient les liquidités, les actions canadiennes du secteur de l’énergie et certains autres placements spécialisés. (Sources : PC Quote et Bloomberg)
3 Les rendements nominaux annualisés à long terme de l’indice S&P 500 se situent régulièrement entre 10 % et 11 %. Au cours des 100 à 200 dernières années, les rendements réels (corrigés de l’inflation) des actions ont varié entre 6,7 % et 7,7 %, ceux des obligations, entre 2,7 % et 3,1 %, et ceux des liquidités, entre 0,8 % et 1,7 %. Les produits de base affichent des rendements réels négatifs, quel que soit l’horizon de placement. (Source : Dimensional Fund Advisors, Long-Term Asset Return Study [Jim Reid/Deutsche Bank, GFD et ICE Indices])

 

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