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- Trump ou Harris
- Conséquences possibles pour le Canada
- Et les marchés?
À moins de deux mois des élections américaines du 5 novembre 2024, on sait déjà que cette course marquera l’histoire. Le démocrate Joe Biden s’est retiré pratiquement à la dernière minute. Ce n’est que la septième fois qu’un président en exercice décide de ne pas se présenter pour un second mandat et la première fois depuis Lyndon Johnson en 1968. Sa successeure Kamala Harris n’est que la deuxième femme à se présenter à une élection présidentielle pour un grand parti aux États-Unis et la première femme de couleur. Du côté républicain, Donald Trump, victime d’une tentative d’assassinat début juillet, tente de devenir le deuxième président de l’histoire à se faire réélire pour un mandat non consécutif.
Les candidats étant enfin désignés et les conventions terminées, le moment est venu d’examiner de plus près les conséquences économiques d’une victoire des républicains ou des démocrates.
Trump ou Harris
Commençons par examiner ce que les républicains proposent. Les politiques de Trump sont en quelque sorte une version plus ambitieuse et plus audacieuse de ses grands succès. Voici quelques-uns des principaux points de son programme :
- Réductions d’impôts. À son premier mandat, Trump a baissé considérablement les impôts, diminuant le taux d’imposition des sociétés de 35 % à 21 % de façon permanente et réduisant les taux d’imposition des particuliers temporairement (jusqu’à la fin de 2025). Cette fois-ci, Trump veut rendre permanente la réduction visant les particuliers tout en réduisant davantage les taux d’imposition des particuliers et des sociétés. Il souhaite également mettre fin à l’imposition des prestations de sécurité sociale.
- Hausse des droits de douane. Trump envisage d’imposer des droits de douane de 10 % sur tous les produits importés et de 60 % sur les produits chinois.
- Diminution du nombre d’immigrants. Trump lancerait une vaste campagne de déportation des immigrants illégaux et limiterait le nombre d’immigrants arrivant légalement aux États-Unis.
Les propositions de Harris sont beaucoup plus nuancées. Les démocrates se présentent avec un programme très similaire à celui de 2020, avec peu de changements par rapport à la façon dont ils ont gouverné jusqu’ici. En 2024, leur programme met principalement l’accent sur les questions non économiques comme l’avortement et l’éducation. Parmi les propositions économiques, mentionnons l’amélioration des crédits d’impôt pour enfants, la réduction du coût des médicaments et quelques mesures d’incitation à l’achat d’une première maison. La proposition économique la plus importante, à notre avis, vise à augmenter le taux d’imposition des sociétés (à 28 %) et celui des particuliers qui gagnent plus de 400 000 $, tout en maintenant les réductions d’impôts accordées par Trump pour ceux dont les revenus sont inférieurs à 400 000 $.
Si nous avions le droit de vote aux élections américaines, il serait difficile de départager les candidats uniquement sur la base de leurs politiques économiques. L’une veut taxer et dépenser, tandis que l’autre ne veut ni taxer ni dépenser. Les économistes s’accordent pour dire que le programme républicain favoriserait davantage la croissance, mais alourdirait le déficit (à vrai dire, aucun des deux partis ne semble se soucier d’équilibrer le budget). De plus, le programme de Trump pourrait avoir un effet inflationniste, car les droits de douane feraient grimper les prix, et la diminution du nombre d’immigrants entraînerait une hausse du coût de la main-d’œuvre ou des pénuries.
Conséquences possibles pour le Canada
Quel serait le meilleur candidat pour le Canada? Sur le plan économique, Harris semble avoir l’avantage. Non pas en raison de ce qu’elle ferait pour le Canada, mais plutôt parce que sa victoire préserverait le statu quo.
Si Trump l’emporte, l’imposition de droits de douane de 10 % sur tous les produits importés pourrait s’avérer fortement préjudiciable au Canada. En 2023, plus de 75 % de nos exportations ont pris la direction des États-Unis, le montant total représentant 20 % de notre PIB. Les importateurs paient les droits de douane à leur gouvernement national. C’est donc dire que l’augmentation proposée correspondrait à une hausse de 10 % du coût réel de nos produits pour les entreprises américaines. Nul doute qu’une telle hausse inciterait certains clients à négocier un meilleur prix avec un fournisseur autre que canadien ou encore à exiger des concessions sur les prix. La meilleure solution pour nous serait que le Canada soit exempté d’une grande partie des droits de douane en raison de l’accord de libre-échange Canada-États-Unis-Mexique.
Par ailleurs, une nouvelle réduction des impôts aux États-Unis creuserait le fossé fiscal entre nos deux pays et, d’un point de vue économique, le Canada demeurerait un pays moins attrayant pour vivre et exploiter une entreprise que les États-Unis.
Et les marchés?
Les marchés sont stimulés par les bénéfices des sociétés, lesquels sont stimulés par la croissance économique. À ce chapitre, Trump semble avoir l’avantage, car si un gouvernement Harris devait augmenter les impôts des sociétés, il s’ensuivrait une diminution des bénéfices, ce qui nuirait au marché américain.
Les investisseurs passent beaucoup de temps à discuter de l’issue éventuelle d’une élection. Les stratèges publient d’innombrables notes sur les secteurs dans lesquels investir et sur la manière d’orienter les portefeuilles en fonction du vainqueur potentiel. La volatilité augmente à l’approche d’une élection et parfois même après.
Même si nous analysons nous aussi les résultats potentiels, nous estimons que cet exercice n’est pas d’une grande utilité pour prendre des décisions de placement. Après tout, les politiciens sont connus pour dire une chose pendant la campagne et en faire une autre une fois qu’ils sont élus. De plus, aux États-Unis, il est difficile pour le parti au pouvoir de faire adopter ses politiques s’il ne contrôle pas le Sénat et la Chambre des représentants. Naturellement, l’imprévu peut aussi perturber les meilleurs plans.
Si l’on remonte dans l’histoire jusqu’à la présidence de Kennedy, on constate que le rendement annualisé a été négatif durant le mandat de deux présidents seulement au cours des 60 dernières années. Pendant cette période, il y a eu des baisses et des hausses d’impôts, l’imposition et l’élimination de droits de douane, des taux d’intérêt élevés et bas, une inflation faible ou galopante et d’innombrables promesses électorales tenues et reniées. Chaque élection suscite des inquiétudes selon nos tendances politiques et le vainqueur. L’histoire montre qu’une grande partie de ces inquiétudes, du moins en ce qui concerne les marchés, est injustifiée (figure 1).
Figure 1 : Rendements annualisés sous chaque présidence entre 1961 et 2024
Rendement annualisé du S&P 500 en dollars américainsBiden du 20 janvier 2021 au 31 août 2024
Source : FactSet
Alors que les prochaines élections américaines suscitent de vives incertitudes qui pourraient avoir des conséquences diverses sur la croissance, l’inflation et le commerce aux États-Unis et ailleurs dans le monde, l’histoire nous rappelle que les marchés ont tendance à mieux résister aux changements politiques que ce que l’on croit. Les investisseurs doivent maintenir une perspective à long terme et privilégier des portefeuilles diversifiés susceptibles de supporter la volatilité à court terme. Notre stratégie de placement continue de reposer sur les principes fondamentaux que sont la gestion du risque et la préservation du capital, en veillant à ce que les portefeuilles de nos clients soient bien positionnés, quelle que soit l’issue des élections.
Source : FactSet
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