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« Avant je disais que si la réincarnation existe, j’aimerais me réincarner en président, en pape ou en joueur de baseball avec une moyenne de 0,400. Maintenant, c’est en marché obligataire que j’aimerais me réincarner, car je pourrais intimider tout le monde. »
James Carville – conseiller politique de Bill Clinton
Pour la première fois depuis plus de 20 ans, les marchés des titres de créance mondiaux – pas seulement les banques centrales – participent à la fixation des règles. Ce changement a des conséquences pour tous les investisseurs, mais surtout pour ceux qui sont fortement exposés aux titres à revenu fixe. Voyons comment nous en sommes arrivés là et à quoi ressemble le marché d’aujourd’hui pour les investisseurs mondiaux.
Justiciers du marché obligataire : un bref historique
Revenons 30 ans en arrière. Dans les années 1990, le président des États-Unis Bill Clinton a tenté d’instaurer des politiques qui auraient entre autres eu pour effet d’accroître la dette nationale. Ses efforts ont été contrecarrés non pas par une vive opposition du Congrès ou par d’habiles manœuvres politiques des républicains, mais par les « justiciers du marché obligataire » (souvent surnommés « bond vigilantes ») qui ont forcé le président à changer son fusil d’épaule et à se soucier du déficit.
Les justiciers du marché obligataire ne portent ni cape ni épée. Ce sont des hommes et des femmes discrets qui, posément, analysent les données économiques, établissent les perspectives économiques de la politique budgétaire et décident qu’ils n’investiront pas l’argent de leurs clients dans des obligations d’État à moins qu’on ne leur offre un taux de rendement plus élevé.
Une dizaine d’années plus tard et pendant la majeure partie des 20 années qui ont suivi, les banques centrales des États-Unis et des autres pays occidentaux sont intervenues pour stabiliser l’économie mondiale secouée par l’effondrement du marché des titres garantis par des créances, la débâcle de grandes institutions financières, une confiance chancelante et une pandémie mondiale. Elles ont acheté de grandes quantités d’obligations d’État sans se préoccuper du rendement économique. En raison de cette intervention d’envergure des banques centrales, les justiciers du marché obligataire se sont éclipsés.
Dynamique actuelle du marché
Aujourd’hui, les banques centrales se sont départies de l’énorme quantité d’obligations qu’elles avaient achetées. En l’absence de cette demande qui soutient le marché, les taux de rendement des titres du Trésor américain devraient revenir aux niveaux observés au début des années 2000 (figure 1). Les grands acteurs non économiques étant écartés, les justiciers du marché obligataire sont de retour.
Figure 1 : Retour des taux de rendement des obligations du Trésor américain à 30 ans aux niveaux observés au début des années 2000
Source : Bloomberg
Pendant des décennies, les États-Unis ont mené une politique étrangère qui visait à promouvoir la démocratie, le commerce et l’État de droit, apportant un soutien militaire qui a permis aux alliés occidentaux de prospérer. Les citoyens se sont enrichis et ont pu, grâce à cette richesse, acheter des produits et services américains et investir dans des biens et titres américains. C’est ainsi que les titres du Trésor et le dollar américains sont devenus des valeurs sûres de premier plan. De ce fait, les États-Unis disposent d’une plus grande marge de manœuvre en ce qui concerne le niveau de la dette nationale et les taux d’intérêt préférentiels. Cette relation s’est révélée bénéfique, puisque la richesse était partagée entre toutes les parties.
Une superpuissance économique comme les États-Unis peut alors mettre en œuvre une stratégie qui mise sur cet avantage afin d’accroître sa richesse sans se préoccuper des répercussions qu’elle aura sur les autres parties. Nous avons observé récemment un changement manifeste dans la politique étrangère américaine, qui se caractérise désormais par une tendance à l’isolationnisme et une approche beaucoup plus mercantiliste à l’égard du commerce.
En avril, Donald Trump a annoncé sa nouvelle politique de droits de douane « réciproques », qui consiste à augmenter les taxes douanières touchant tous les pays qui exportent ou envisagent d’exporter des produits aux États-Unis. Le marché obligataire y a vu une menace au commerce mondial et à l’économie et la demande étrangère de titres du Trésor américain et de billets verts a diminué. La prime de sécurité offerte par les titres du Trésor américain a alors fléchi, les investisseurs exigeant des taux de rendement plus élevés pour les titres à long terme. Le marché est devenu nerveux. Peu après cette annonce, l’administration américaine a considérablement réduit les droits de douane réciproques pour une période d’examen de 90 jours. Le marché obligataire a gagné encore une fois.
Ce que cela signifie pour les investisseurs
Que se passera-t-il maintenant? Et plus particulièrement pour les investisseurs qui s’intéressent aux titres de créance d’État autres que ceux des États-Unis? L’invasion de l’Ukraine par la Russie combinée à l’isolationnisme américain engendrera une hausse des dépenses militaires dans les pays autres que les États-Unis. Il s’ensuivra une augmentation de la dette nationale, qui devrait exercer une pression sur les taux de rendement dans ces pays. Cependant, si les titres du Trésor américain sont considérés comme plus risqués, une partie de l’argent qui aurait été investi dans ceux-ci ira ailleurs, ce qui pourrait aider à contenir les taux de rendement étrangers au détriment des taux de rendement plus élevés des obligations américaines.
Compte tenu de la montée du protectionnisme commercial aux États-Unis, des pays pourraient envisager d’intensifier les échanges commerciaux entre eux et, surtout, de réduire les barrières commerciales à l’intérieur de leurs propres frontières. Le marché obligataire a tranché sur les politiques budgétaires américaines. Les pays ont, semble-t-il, encore la possibilité d’adopter des politiques moins susceptibles de perturber leurs marchés obligataires respectifs.
Les marchés des valeurs mobilières sont habiles à analyser les résultats économiques futurs. Les marchés obligataires sont particulièrement habiles à évaluer les titres de créance d’État et les risques que pose le remboursement corrigé de l’inflation à l’échéance. Étant donné que le marché obligataire est sorti de sa réserve, une nouvelle ère s’ouvre pour les titres à revenu fixe. Les titres du Trésor américain restent des valeurs refuges, mais ne sont pas hors d’atteinte. Dans l’ensemble, les actifs américains continueront de constituer une part importante des portefeuilles, mais la surperformance appréciable qu’ils ont enregistrée année après année touche peut-être à sa fin.
Source : Bloomberg
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