7 min read

Un nouvel obstacle sur la route 

Avec la fermeture récente de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank, et la chute du cours de l'action du Crédit Suisse en raison de l'annonce de la faiblesse des processus d'information financière, il n'est pas surprenant que les gens s'inquiètent. Selon nous, cependant, ces problèmes sont en grande partie spécifiques à l'entreprise et ne sont pas nécessairement systémiques.

Scott occupe le poste de chef des placements et possède plus de 25 ans d'expérience dans la gestion des placements et la recherche sur les actions.
À moins que vous n’ayez été en pleine période de sevrage numérique, vous êtes sans doute au courant que deux banques régionales américaines ont fermé : la Silicon Valley Bank, le vendredi 10 mars, et la Signature Bank, deux jours plus tard. Puis, le 14 mars, la grande banque européenne Credit Suisse a annoncé avoir découvert des « faiblesses importantes » dans son processus de présentation de l’information financière, ce qui signifie que ses états financiers des deux dernières années pourraient présenter des inexactitudes. Dans la foulée, son action a dégringolé à un niveau historique. Cet incident s’ajoute à une longue série d’erreurs de la banque et même si le moment ne pouvait pas plus mal tomber, la situation de Credit Suisse n’a rien à voir avec les faillites des banques américaines.

Que s’est-il passé?

Les turbulences qui ont secoué les banques américaines cette semaine sont largement imputables aux banques elles-mêmes et non au système bancaire. Comme ces événements ont reçu une grande couverture médiatique, nous en présenterons les grandes lignes.

La Silicon Valley Bank était fortement exposée au secteur de la technologie. Comme les sociétés de technologie ont enregistré une croissance plus rapide que celle d’autres sociétés pendant un certain temps, la banque a pu profiter de cette croissance. Toutefois, avec la hausse des taux, il est devenu plus difficile de réunir des capitaux, et de nombreuses sociétés de technologie ont dû effectuer des retraits à la banque.

Sans trop entrer dans les détails techniques, disons simplement que les obligations à longue échéance que la Silicon Valley Bank avait achetées ont perdu de la valeur à la suite de la hausse des taux d’intérêt. La banque avait prévu conserver ces obligations longtemps, mais elle s’est vu forcer de les vendre à perte pour financer les retraits et, par conséquent, elle a eu besoin de capitaux additionnels. Devant son incapacité à obtenir de nouveaux capitaux, les organismes de réglementation américains ont pris le contrôle de la banque. Celle-ci ne peut s’en prendre qu’à elle-même, car si elle s’était montrée plus prudente à l’égard des titres qu’elle détenait (c.-à-d. si elle avait détenu des obligations à plus court terme), elle ne se serait pas retrouvée dans l’embarras.

La situation de la Signature Bank était différente. Elle était mieux diversifiée, même si le quart de ses dépôts étaient concentrés dans le secteur de la cryptomonnaie, récemment ébranlé par des faillites importantes (FTX et Silvergate). Il n’est donc pas étonnant qu’après la déconfiture de la Silicon Valley Bank, les retraits effectués à la Signature Bank aient été élevés.

Finalement, les organismes de réglementation ont fermé la banque, invoquant une « crise de confiance dans l’équipe de direction de la banque », parce qu’ils ne parvenaient pas à obtenir des données fiables et cohérentes pendant la fin de semaine. Encore une fois, il s’agit d’une situation qui aurait pu être évitée avec une meilleure communication.

Dimanche, les organismes de réglementation américains ont annoncé que tous les déposants des deux banques américaines seront remboursés intégralement (l’assurance-dépôts aux États-Unis est généralement plafonnée à 250 000 $). Ils ont également pris d’autres mesures pour injecter des liquidités dans le système afin de gérer la situation dans laquelle la Silicon Valley Bank s’est retrouvée. Ils ont ainsi autorisé les banques à emprunter de l’argent dans le cadre d’un nouveau programme de financement à terme bancaire de la Réserve fédérale américaine (Fed) et à donner des garanties à la valeur nominale pour éviter qu’elles aient à vendre des actifs à perte.

En Europe, la Banque nationale suisse (la banque centrale de la Suisse) s’est engagée à accorder une aide de plus de 50 milliards de dollars à Credit Suisse. Depuis la Crise financière mondiale, les banques européennes se sont heurtées à de nombreuses difficultés. Ce n’est donc pas la première crise que les banques centrales de là-bas doivent gérer.

L’aide des banques centrales devrait grandement calmer la situation aux États-Unis et en Europe. Nous nous attendons à ce que les organismes de réglementation offrent plus de soutien au besoin pour stabiliser le système. Heureusement, contrairement à la grande crise financière, la faillite de ces banques n’est pas systémique et de nouvelles mesures de soutien ne seront sans doute pas nécessaires, bien que cela rassure le marché de savoir que du soutien est encore disponible.

Soulignons que le système réglementaire canadien auquel les banques sont assujetties est plus prudent. Par exemple, toutes les banques canadiennes doivent évaluer leurs portefeuilles de titres à la valeur de marché* chaque trimestre en calculant leurs ratios de fonds propres. Comme nous l’avons indiqué précédemment, les banques régionales américaines n’ont pas à se conformer à une telle exigence. Si la Silicon Valley Bank avait appliqué les mêmes règles que les banques canadiennes, elle aurait été obligée de faire des rajustements en cours de route.

Les deux pays ont des régimes réglementaires différents et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles les faillites bancaires sont très rares au Canada, tandis qu’il y a eu plus de 500 faillites bancaires aux États-Unis au cours des 20 dernières années. Nous n’entendons habituellement pas parler des faillites de banques américaines, car elles n’ont pas l’ampleur de celles survenues cette semaine.

Et maintenant?

On dit que la Fed relève ses taux jusqu’à ce que quelque chose se brise. C’est là où nous en sommes. Avant les événements de cette semaine, on s’attendait que la Fed continue d’augmenter ses taux pour juguler l’inflation, mais cette idée est maintenant remise en cause, et il est fort probable qu’elle décide de marquer une pause à sa prochaine réunion, qui est prévue pour la semaine prochaine.

Il est se peut que les banques américaines réduisent leurs activités de crédit et maintiennent leurs liquidités à des niveaux élevés pour se prémunir contre les retraits soudains. Ces mesures devraient ralentir l’économie, peut-être plus rapidement que prévu, et augmenter la probabilité d’une récession cette année, qui est largement attendue. Paradoxalement, le ralentissement pourrait aussi freiner l’inflation, ce qui serait une bonne nouvelle. Mais ne vous y trompez pas : l’inflation demeure le principal ennemi et si la Fed devait décréter le statu quo et que l’inflation ne recule pas, les taux repartiront à la hausse.

Il y a toujours eu et il y aura toujours des crises, et je ne cherche pas ici à en minimiser l’importance, mais certaines sont très lourdes de conséquences, tandis que d’autres le sont moins. En tant qu’investisseur, il faut analyser chaque crise pour en déterminer l’incidence sur les portefeuilles de nos clients, évaluer les risques et les occasions et enfin apporter les rajustements requis, au besoin.

Nous savons qu’un autre choc succédera à cette crise bancaire aux États-Unis et qu’une quelconque intervention sera nécessaire. C’est peut-être pénible, mais c’est normal. Pour contrecarrer les effets de ces chocs, il faut éviter de se laisser distraire par les rumeurs et conserver ses placements dans une optique à long terme, tout en maintenant une bonne diversification. Pour ceux qui visent le long terme, les perturbations peuvent être des occasions d’investir dans des actifs intéressants à des prix avantageux.

* "Évaluation au prix du marché" désigne la pratique consistant à enregistrer la juste valeur d'un actif ou d'un passif sur la base du prix actuel du marché ou du prix d'un actif ou d'un passif similaire.

Sources : Bloomberg et FactSet

Les informations présentées ici sont uniquement destinées à la discussion et à l'illustration et ne constituent pas une recommandation ou une offre ou une sollicitation d'achat ou de vente de titres. Les opinions exprimées le sont à la date indiquée, sur la base des informations disponibles à ce moment-là, et peuvent changer en fonction des conditions du marché et autres. Sauf indication contraire, les opinions exprimées sont celles des auteurs et pas nécessairement celles de CWB Gestion de patrimoine ou de ses sociétés affiliées. CWB Gestion de patrimoine n'assume aucune obligation de mise à jour de ces informations. Les décisions de placement devraient être fondées sur les objectifs, l'horizon temporel et la tolérance au risque d'une personne. Rien dans ce contenu ne doit être considéré comme un conseil juridique ou fiscal et nous vous encourageons à consulter votre propre avocat, comptable ou autre conseiller avant de prendre toute décision financière. Les rendements cotés ne doivent pas être interprétés comme un montant qu'un investisseur recevrait du Fonds et sont susceptibles de changer. Les investisseurs devraient consulter leur conseiller financier avant de décider si les fonds communs de placement constituent un investissement qui leur convient. Les placements en fonds communs peuvent donner lieu à des commissions, des commissions de suivi, des frais de gestion et d'autres dépenses.

Veuillez lire le prospectus, qui contient des renseignements détaillés sur les placements, avant d'investir. Les fonds communs de placement ne sont pas garantis, leur valeur change fréquemment et le rendement passé peut ne pas se répéter. CWB Gestion de patrimoine fait appel à des tiers pour fournir certaines données utilisées pour produire ce rapport. Nous croyons que ces données sont exactes, mais nous ne pouvons en garantir l'exactitude. Visitez le site cwbwealth.com/disclosures pour consulter notre clause de non-responsabilité complète. Les frais facturés pour les services fournis par CWB Gestion de patrimoine et ses sociétés affiliées peuvent changer de temps à autre. Un préavis de 60 jours sera fourni aux clients avant tout changement.